Nouvelle journée, nouvelle destination. Quarante, a costat de Crùzi (à côté de Cruzy). Petit village entre Narbonne et Béziers, c’est le berceau de ma grand-mère paternelle. Le programme des Journées Européennes du Patrimoine est intéressant. Il est proposé de visiter la Chapelle Saint Jean (normalement fermé), l’Abbatiale Sainte-Marie, et le Musée Historico-Archéologique. Je connais très bien les lieux puisque j’ai vécu 10 ans de ma vie dans le village voisin. 

Vu dite « de Papy Jean » sur Quarante et les Pyrénées

On commence la balade par une petite randonnée dite « des croix quarantaises ». Pour cela, un seul guide, un petit ouvrage publié par l’association d’Histoire et Patrimoine de Quarante. Nous nous contentons des croix dans le coeur de Quarante, ce qui permet de faire connaissance avec les différents quartiers du village. On termine par la place de l’Abbatiale, où l’imposante croix a été déplacée par un ancien maire du centre de la place vers un pan du mur de l’Église. 

En prenant la direction de la chapelle Saint-Jean, on passe devant l’ancienne pharmacie du village. Mon arrière-grand père, pharmacien à Saint-Chinian, venait réaliser quelques préparations (alcoolisés, les fameux vins médicaux) avec son confrère. Non loin, il y avait le cabinet médical d’un parent éloigné. Dans la Grand Rue, la boucherie où je venais avec ma mère acheter la fameuse andouillette d’Yvon, ou encore le café et sa place des toros.

La Chapelle Saint-Jean a été « privatisé » par une noble famille quarantaise, la famille (d’) Andoque de Roueire et Viennet de Saliès. On retrouve dans le jardin juxtaposant une énorme plaque commémorative et devant l’entrée de cette chapelle, l’ancien cimetière. Il faut dire que la Chapelle était entretenue jusqu’en 1776, par la confrérie de Saint-Jean avant d’être cédé à la confrérie des Pénitents. Hors des murs d’enceinte du village, s’y faisait inhumé les étrangers au village. Durant ces #JEP2017, une exposition « Si Quarante m’était conté en peinture » y est présentée. Pierre Cebe, un cousin et président de l’Association du Patrimoine Local, expose ses oeuvres. Il a représenté, après lecture de nombreux ouvrages, les différents lieux de vie du village. Chapelle, Abbatiale, Étang, en comparant l’actuel et l’imaginer, on arrive à se représenter Quarante. 

Chapelle Saint-Jean de Quarante

Nous continuons notre chemin vers le petit musée du archéologique. En me présentant, j’ai le droit au tapis rouge! « Vous êtes le petit fils de Mme Lacombe et du Dc Robert? Jamais je n’aurai imaginé vous revoir ici! ». J’ai fait un homme heureux. Robert, ancien chef pompier m’a connu enfant. De vitrines en vitrine, avec les anecdotes de mon guide, j’ai passé un excellent moment. L’Association du Patrimoine a rassemblé plusieurs centaines d’objets datant de néolithique à la période moyenâgeuse trouvées autour du village. On comprend vite que l’histoire de Quarante est riche. Guerre des Cathares, le siège du Duc de Montmorency, l’Abbatiale et sa multiple vie,  mes ancêtres n’ont pas dû s’ennuyer dans le coin.

Abbatiale de Quarante et l’un de ses trésors

On termine alors par un passage par l’Abbatiale Saint Marie. Il s’agit d’un exemplaire quasi unique de l’art pré-roman en Languedoc. Consacrée en 983, elle serait édifiée sur les vestiges d’une autre église ou mausolée. N’étant pas un grand spécialiste, on remarque rapidement les ajouts/modifications faits à certaines époques. Des portiques avec des pierres basaltes d’Agde, un porche plus moderne au niveau de l’ancien narthex, les différents abbés ont modernisé chacun leur tour l’édifice. Mais plus étonnant encore le trésor qu’elle contient. Durant des années, un marché des reliques a existé en Europe. Avoir des reliques de Saint faisaient vivre la paroisse en faisant venir des pèlerins de plus ou moins loin. C’était un véritable business dont a oublié l’existence. A Quarante, les trésors sont nombreux. Un sarcophage en marbre du 4è siècle (totalement vide), un maître-autel du 10è siècle mais c’est à l’écart et à l’étage qu’une pièce unique a été ouverte en 2015. On y retrouve un buste reliquaire en argent du précurseur Saint Jean-Baptiste de 1440. On venait le toucher pour porter bonheur et on n’hésitait pas à le mettre sur la tête pour calmer différents maux. À côté, deux boites contenant des reliques de Marie Madelaine, mais aussi une croix reliquaire composée d’un ensemble de reliques divers et variées. La visite se termine par une armoire contenant des chasubles finement brodées offertes à l’Abbé par une famille notable début du siècle dernier lors d’un mariage. 

Une belle matinée de visite pour mieux comprendre la vie de nos ancêtres, que demander de plus?